Dans un contexte économique plus qu’incertain tant au niveau national qu’international, l’investissement dans des valeurs refuge est privilégié. L’or, la forêt, mais également la pierre font partie des choix de placements sur lesquels on mise. L’immobilier d’entreprise ne semble pas échapper à la règle. Voilà qui n’est pas pour déplaire à Cédric Serre, nouvellement accrédité expert immobilier spécialisé dans le tertiaire et dirigeant de SR Immobilier et de SR Développeur, deux entreprises complémentaires installée au Centre d’Affaires du Zénith. Il m’a semblé intéressant d’en savoir un peu plus sur ce métier de promoteur immobilier et ce qui amène à choisir cette voie professionnelle. Focus sur l’homme, son parcours, un métier.
De la sémiologie à promoteur Immobilier : je suppose que le chemin n’est pas direct Cédric Serre?
(Rires) Tout est question de langage me direz-vous ! A la base, j’ai une maîtrise en gestion que j’ai obtenue à l’IUP de Management de Clermont-Ferrand et puis je me suis intéressé au marketing et à la communication, deux domaines pour lesquels j’ai toujours été très curieux. Pour tout vous dire, au départ je voulais me destiner à la sémiologie, une science qui me passionne. L’étude des signes linguistiques à la fois verbaux et non verbaux est riche d’enseignements dont la communication puise de nombreuses sources. J’ai ainsi obtenu au CELSA – Paris IV Sorbonne, un DESS en Marketing et Politique de Communication.
« Le sens des mots est important, on ne les utilise pas par hasard ! »
J’aurais pu travailler en agence de communication mais l’environnement ne m’attirait pas même si je dévorais les revues spécialisées dans la stratégie de communication. Mon service militaire m’a permis d’exercer un autre métier : celui d’acheteur publicitaire pour le compte du Ministère de la Défense.
Par la suite j’ai travaillé pendant 4 ans chez CANON France. J’ai commencé par organiser les déménagements des équipes puis j’ai évolué jusqu’aux services généraux où j’ai travaillé notamment dans la communication interne. Puis je me suis tellement intégré à l’entreprise et ses problématiques que je suis devenu le responsable de gestion immobilière. Une histoire de rencontres (sourire). Au départ ce n’était pas un objectif en soi mais les opportunités ont tracé ma voie.
Ensuite et toujours sur Paris, j’ai été dans les achats et la gestion immobilière pour le compte d’une filiale de Général Electric. J’aurais pu être potentiellement « le client de mon père », François Serre qui avait déjà créé SR Développeur et qui, avec son associé Nicolas Roux, a contribué au lancement du Centre d’Affaires du Zénith en 2005.
A quel moment avez-vous décidé de revenir en Auvergne, dans votre ville natale ?
En 2006, mon père a abordé à nouveau la possibilité transmettre son entreprise. Moi-même, lassé des contraintes de la vie parisienne, du trafic toujours plus dense et des relations professionnelles tendues, j’ai opté pour un retour à Clermont-Ferrand en 2007. J’ai été heureux de retrouver une ville qui avait beaucoup évolué en 10 ans notamment d’un point de vue urbanistique.
J’ai travaillé jusqu’en 2013 aux côtés de mon père, « je suis allé au charbon », j’ai tout appris en me confrontant au terrain.
Parlez-moi du métier de promoteur immobilier
Il s’agit d’un métier passionnant mais complexe. Mes expériences précédentes m’ont beaucoup aidé, notamment lorsque j’ai travaillé pour des grands comptes. Il s’avère que j’ai acquis le même langage ! Vous voyez que tout est question de langage (rires). Je connais leurs modes de fonctionnement qui sont très différents de ceux d’un chef d’entreprise d’une structure locale. Je dis cela avec beaucoup de respect pour l’entreprise locale.
Il s’agissait d’apprendre un tout nouveau métier mais sans aucun regret car le monde de la communication a enrichi mon expérience.
Vous avez été à l’origine de la société SR Immobilier ?
Oui. Je me suis rendu compte que beaucoup de structures fonctionnaient avec un service de transaction interne. Et j’en ai tiré des enseignements. En fait, SR Immobilier commercialise SR Développeur mais également d’autres constructions neuves et des locaux existants. Nous ne proposons pas que des bureaux mais aussi des locaux d’activités, des commerces….
Dans nos locaux, nous hébergeons aussi : CAIRN MOE qui réalise de la maitrise d’œuvre. C’est lui qui construit. Nous sommes complémentaires. La société construit nos opérations mais d’autres également.
Avec 10 salariés en tout, nos structures sont à même de proposer une offre complète.
« Si nos clients le souhaitent, nous pouvons gérer d’un bout à l’autre un projet immobilier, son développement et sa promotion. »
Le seul Bémol est que lorsque l’un des secteurs va mal, ce sont les 3 activités qui en pâtissent.
Justement comment avez-vous vécu le confinement lié à la pandémie du COVID 19 ?
A titre personnel, cela a été dans un premier temps la sidération. Puis il a fallu se faire violence pour organiser les choses et prendre soin de nos salariés inquiets. Une peur qui a très longtemps été maintenue par les médias.
Jusqu’à fin mars, nous avons achevé les dossiers et fin mars nous nous sommes retrouvés sans aucun interlocuteur. Nous avons alors marqué l’arrêt. J’aime cette phrase issue de la sagesse maritime :
« Quand il y a tempête, le pêcheur reste à quai et répare ses filets ».
Nous avons donc « nettoyé » nos dossiers, travaillé notre base clients et le chômage partiel a été nécessaire en avril et mai. Et l’activité a peu à peu repris jusqu’à devenir intense car nous sommes en train de rattraper le temps perdu !
Les projets immobiliers n’ont été que reportés et tout a repris avec très peu d’annulations.
Quelle est la spécificité que vous avez développée dans vos constructions depuis la reprise de la société ?
J’ai toujours œuvré pour des constructions à performance énergétique. Le premier bâtiment tertiaire destiné au marché privé certifié en Auvergne BBC Effinergie en 2005 était une de nos constructions et j’en suis fier.
En 2012, nous avons été les premiers à bénéficier d’une certification. En 2017, nous avons construit le premier bâtiment à énergie positive : BEPOS. Nous avons été les 2èmes en région AURA et les 1ers en Auvergne à obtenir le label E3C1.
Notre leitmotiv : devancer la norme. Se faisant, on apprend et on intègre très vite les règles.
Est-ce que l’immobilier d’entreprise va bien ?
Avant la crise du COVID 19, nous étions dans une période très propice. Le marché ne cessait de s’améliorer. Actuellement il y a peu d’annulation même si le confinement a fait réfléchir et hésiter certains.
Je suis positif sur l’avenir, la ville est en train de se transformer, on voit un retour des bureaux à l’intérieur des villes. Les lois relatives au PLU demandent de plus en plus de mixité. Les nouvelles règles du jeu impliquent d’intégrer les notions d’environnement ce qui est nécessaire. Il faut être compétitif et informé des évolutions des lois, des normes. Clermont-Ferrand jouit d’une belle dynamique et d’une véritable qualité de vie.
Globalement, les conséquences de cette crise sanitaire vont amener de nouvelles pratiques avec moins de surfaces commerciales et davantage de show-rooms qui évoluent vers le phygital (un nouveau mode de vente au détail qui allie le monde physique et le monde du digital). IKEA Déco, à Paris, en est un exemple caractéristique. On va vers de plus petites surfaces de vente avec des entrepôts conséquents.
Quand aux bureaux, ils doivent être des lieux pour se retrouver et travailler ensembles de façon agréable. L’époque du « box à cheval » est révolue !
Merci à Cédric Serre pour cet entretien passionnant sur l’évolution du monde de l’immobilier d’entreprise. Son parcours, enrichi de connaissances pointues en communication qui lui ont permis de décrypter, analyser et comprendre un environnement de travail spécifique : le métier de promoteur immobilier, est inspirant.
Son implication ne s’arrête pas à ses société puisqu’il est également président de l’ŒIL (Observatoire Evolutif de l’Immobilier Local), trésorier de la Fédération des Promoteurs Immobiliers d’Auvergne (FPI), responsable de la commission « Immobilier d’entreprise » au sein de la FNAÏM Auvergne et membre de la CPME ainsi que des APM. Un homme de réseau qui sait s’impliquer dans son territoire tout en restant attentif à sa famille, futur papa pour la 2ème fois ! Un sans fautes !